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La Géorgie, pays qui reste attractif pour les IFIs en 2019

Depuis son indépendance, la Géorgie a attiré de nombreux capitaux des IFIs en particulier pour moderniser ses infrastructures.

La Géorgie, pays qui reste attractif pour les IFIs en 2019 

La Géorgie, grâce à sa stabilité politique, sa situation géographique et la qualité de sa signature, a su attirer depuis son indépendance, de nombreux capitaux des IFIs en particulier, pour moderniser ses infrastructures. L’année 2018 marque le renouvellement des cadres de partenariat de la plupart des bailleurs de fonds. Ces derniers ont choisi cette année encore de consolider leurs relations en renouvelant leur engagement en Géorgie. L’année 2019 s’inscrit dans la pérennité des engagements en volume avec une nouvelle orientation forte vers le secteur de l’éducation

Les bailleurs de fonds multilatéraux, principaux pourvoyeurs de capitaux en Géorgie, continuent à réserver leurs allocations financières aux projets d’infrastructures et de connectivité régionale tout en pesant sur les réformes en faveur du développement 

 

La Banque mondiale

Elle a dévoilé en 2018 son nouveau cadre de partenariat, Country Partnership Framework (CPF), pour la période 2019-2022 ayant pour objectif le développement d’une croissance durable et inclusive et l’amélioration des conditions de vie de la population. Ce nouveau cadre de travail a été développé en collaboration avec le gouvernement et s’inscrit dans sa vision de développement du pays et de son programme « Géorgie 2020 » qui s’articule autour de quatre axes de réforme :

  • l’économie,
  • l’éducation,
  • l’aménagement territorial et
  • la gouvernance

Avec ce nouveau cadre de partenariat, l’institution entérine un virage stratégique ayant pour objectif de rééquilibrer son portefeuille, aujourd’hui largement polarisé autour des infrastructures qui en représentent 78% (et 60% seulement pour le corridor autoroutier est-ouest et les routes secondaires), au risque de baisser son taux de décaissement.

. Pour rappel, depuis que la Géorgie est devenue membre de la Banque mondiale en 1992, le Groupe de la Banque mondial a financé 77 projets, pour un total de 2.8 Mds USD et possède un portefeuille actif de 11 projets d’investissement et de développement des politiques publiques d’un montant de 699 M USD.

L’historique du partenariat de la Banque mondiale avec la Géorgie :

http://www.worldbank.org/en/news/feature/2017/08/24/world-bank-georgia-25-years-of-partnership

 

Les projets constitutifs du nouveau cadre de partenariat sont pour le moment en phase de préparation (horizon fin 2019) et auront pour objet :

  • l’éducation, avec des investissements limités dans les infrastructures sous la forme de la construction d’écoles sous couvert de leur respect des normes sociales et environnementales de la Banque,
  • le développement du système de santé et du système social, avec un investissement probable dans les systèmes d’information,
  • l’énergie, avec des projets respectueux de l’environnement,et enfin
  • le développement régional.

 

La Géorgie est également membre de la Société financière internationale (SFI) depuis 1995. Cette organisation du Groupe de la Banque mondiale a la possibilité contrairement à la BIRD d’accorder des prêts à des investisseurs privés. Selon les derniers chiffres disponibles (31-dec-16), la SFI a apporté un financement total en Géorgie de plus de 1.7 Mds USD dans les secteurs suivants : services financiers,  agro-industrie, construction et infrastructure. Notons le projet en cours de la SFI intitulé PGC Housing, signé le 22 mai 2018 pour un montant de 20 M USD

La BERD

Elle affiche un engagement sans faille en Géorgie avec un bilan en août 2018 (dernières données disponibles) de 233 projets et 3.2Mdrs € de financement dont 80% dans le secteur privé.

Un portefeuille de 80 projets est actuellement à l’étude pour 812M€ supplémentaires.

La part d’investissement en capital de la BERD reste stable à 5% comparé aux 6% en 2017.

La répartition sectorielle des activités de la BERD en août 2018 est

  • l’énergie pour 33% du portefeuille et qui continue à se renforcer avec  trois projets de centrales hydroélectriques devant démarrer prochainement
  • les institutions financières pour 32% dont les volumes ont considérablement augmenté avec la concentration du secteur bancaire et le développement, même lent, du secteur manufacturier et privé,
  • l'industrie et le commerce avec 28% des financements sur deux opérations dans l’agro-industrie, et enfin
  • les infrastructures avec 7% qui reflètent bien la stratégie d’intervention de la BERD.

Pour plus de détails : le site http://www.ebrd.com/georgia-data.html.

Comme en 2018, la BERD devrait également allouer de nouveau en 2019 une facilité de crédit de 750 M USD (tous pays confondus) pour les projets entrant dans le cadre de son programme Direct Finance Framework (DFF) Non-SME. La plupart des projets de ce programme sont des investissements dans l’industrie, le commerce et l’agro-industrie.

La Banque Européenne d’Investissement (BEI)

Elle a soutenu 21 projets avec un volume total de prêt de plus de 1,5 milliard d’EUR.

A noter, parmi les projets les plus récents, un prêt de 250 millions d’EUR qui servira à moderniser des infrastructures routières prioritaires, et un soutien sous forme d’assistance technique de l’UE de 3,5 millions d’EUR, destiné à financer l’achèvement des travaux de réhabilitation de la cascade des centrales hydroélectriques d’Enguri et Vardnili, le plus grand complexe hydroélectrique du pays. Par ailleurs, dans le cadre du Fonds fiduciaire d’assistance technique en faveur des pays du partenariat oriental (FFATPO), un expert de la BEI basé à Tbilissi collaborera avec le ministère du développement régional et des infrastructures (direction de la voirie) dans l’optique d’améliorer la préparation et la mise en œuvre des investissements de grande dimension et complexes sur le plan technique financés par la BEI dans le secteur routier en Géorgie.

En septembre 2018, la BEI a annoncé débloquer un prêt de 30M € à TBC Bank afin d’améliorer l’accès au financement pour 600 petites et moyennes entreprises.

 

L’Union Européenne

Elle reste l’une des institutions de coopération les plus actives en Géorgie avec notamment depuis 2016 l’instauration d’une zone de libre-échange et un accord approfondi (Deep and Comprehensive Free Trade Area, DCFTA). Georgia is the 5th largest country by the volume of aid received from the European Union per capita.

La Géorgie est le 5ème pays par le volume d’aide reçu de l’Union Européenne par tête d’habitant. L’Union européenne constitue le premier partenaire commercial de la Géorgie en absorbant 24% du total des exportations géorgiennes et apporte annuellement un programme d’aide de plus de 120 M EUR.

Le plan d’action de la Politique européenne de voisinage en Géorgie (PEV) comporte une enveloppe indicative pour 2017-2020, comprise entre 371 et 453 M EUR, qui se répartit entre les secteurs suivants :

  • le développement économique et les débouchés commerciaux, incluant une croissance intelligente, durable et inclusive pour 40% dont l’enveloppe est comprise entre 148 et 181 M EUR,
  • le renforcement des institutions et une bonne gouvernance, incluant le renforcement de l’Etat de droit, répondant aux questions de sécurité pour 20% dont l’allocation est comprise entre 74 et 91 M EUR,
  • la connectivité, l’efficience énergétique, l’environnement et le changement climatique pour 15% avec une allocation comprise entre 56 et 68 M EUR,
  • la mobilité et les contacts interpersonnels, incluant le soutien envers la mise en œuvre continue de la labélisation des visas et envers la formation professionnelle pour 10% avec une allocation comprise entre 37 et 46 M EUR,
  • une aide complémentaire pour le renforcement des capacités et le renforcement institutionnel comprise entre 19 et 23 M EUR,
  • une aide complémentaire pour le développement de la société civile comprise entre 19 et 23 M EUR,
  • une aide complémentaire pour la stratégie de communication comprise entre 19 et 23 M EUR.

 

Le partenariat E5P (Partenariat de l’Europe de l’est pour l’efficacité énergétique et l’environnement), est un fonds multi donateurs, instauré en 2010 pour l’Ukraine avec l’objectif de débloquer les investissements dans les domaines de l’environnement et de l’efficacité énergétique. Le fonds est actif en Géorgie depuis 2013. Le fonds fonctionne selon ses propres règles, l’UE (DG Near) assure la présidence de l’assemblée en tant que principal contributeur (les principaux contributeurs européens sont SE et DE), la BERD en assure la gestion.

La BEI, la Commission européenne, la BERD, la Banque nordique d’investissement et la Banque mondiale font partie du comité de pilotage du Partenariat, qui en est la principale instance opérationnelle. La France n’est pas membre du Fonds. A noter que le Fonds devrait arrêter ses opérations en décembre 2019, une prolongation de ses activités jusqu’en 2024 doit être négociée.

La Banque Asiatique de Développement (BAsD)

Elle fait partie des bailleurs des fonds les plus engagés en Géorgie. En juin 2018, le président de la BAsD Takehiko Nakao s’est rendu dans le pays pour réaffirmer l’engagement de l’institution et annoncer la mobilisation de plus de 1.2Mds USD de financement pour la période 2019-2021.

. La BAsD a dévoilé en septembre 2018 son nouveau cadre de partenariat pour la période 2019-2021 (Country Operations Business Plan, COBP) qui s’inscrit dans la continuité du cadre de partenariat précédent en se focalisant sur les le transport durable, la connectivité régionale et le développement de corridors économiques.

Pour rappel, la BAsD a financé en Géorgie à ce jour 56 projet pour un financement de plus de 2.3Mds USD dont le transport, l’eau et l’énergie, ses 3 premiers secteurs d’intervention : avec une répartition sectorielle respective de son portefeuille de 75%, 10% et 9%. La Banque a également en portefeuille 5 opérations  sur garantie non souveraine pour un montant total de 330 M USD. Les dernières informations détaillées sont accessibles sur : https://www.adb.org/sites/default/files/publication/27765/geo-2016.pdf

La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB)

Elle est un acteur nouvellement arrivé sur le marché et qui vient de cofinancer à parts égales avec la BAsD son premier projet en juillet 2017. Il s’agit de la route de contournement de Batumi pour un montant de 114 M USD. L’AIIB est, par ailleurs, en passe de financer 100 M USD du projet de modernisation de la centrale hydroélectrique de Nenskra (280 MW), dont le montant global s’élève à 1.03Mds USD.

 

L’Agence de coopération internationale du Japon

Japan International Cooperation Agency (JICA), a commencé sa coopération avec la Géorgie dès 1997 mais n’a ouvert son premier bureau pour le Caucase qu’en juillet 2017.

Les principaux objectifs de l’Agence consistent à

  • améliorer les infrastructures du pays, notamment le corridor autoroutier est-ouest  au travers de prêts liés (phase II, lot de 70km, 350 M USD) et
  • harmoniser le niveau de vie de la population, au travers essentiellement d’assistance technique (formation des représentants du gouvernement, aide sur les coopératives agricoles).

KFW

La KfW est de loin le premier bailleur bilatéral en Géorgie, implanté depuis 1993. Les principaux secteurs d’intervention sont :

  • l’énergie,
  • le secteur financier,
  • le développement urbain, et
  • l’environnement.

KfW est le principal donateur en Géorgie pour le secteur de l’énergie : l’institution est active dans le secteur de l’électricité (ils financent GSE depuis 20 ans), de l’efficacité énergétique (pilotes à Batoumi et discussion avec BERD sur un programme EE dans les bâtiments publics), du secteur gazier (infrastructure de stockage de gaz souterrain en cofinancement avec la BEI, 350M€).

La KfW est également présente dans le secteur de l’eau (jusqu’ici uniquement en Adjarie, mais est en train de préparer un programme multi-ville sur le périmètre UWSCG), des déchets, du secteur financier (contribution à la création de ProCréditbank), les déplacés intérieurs (IDP) avec des outils de subventions, et des aires protégées (sur dons également).

Trois instruments financiers principaux sont à sa disposition :

  • les prêts souverains concessionnels : pour les projets définis dans le cadre de discussions intergouvernementales qui se tiennent tous les deux ans,
  • les prêts souverains « promotional » (non concessionnels) : pour les projets hors cadre intergouvernemental,
  • les subventions : IDP, aires protégées, accompagnement de préparation (études de faisabilité) et de mise en œuvre de projet (assistance technique).

L’Agence française de développement (AFD)

L’Agence française de développement (AFD) a ouvert son bureau régional en 2016 à Tbilissi et a réussi à se positionner parmi les bailleurs bilatéraux et régionaux et en coordination avec les programmes des multilatéraux. Le premier projet de l’AFD en Géorgie, signé en 2017, est en cours de réalisation. Il s’agit d’un prêt de politique publique de 60M€, en cofinancement avec la Banque mondiale et accompagné d’une subvention FEXTE de 500K€ pour un programme d’assistance technique coordonné par Expertise France en soutien à la création et la structuration de la nouvelle agence des retraites.

Depuis, l’AFD a signé deux nouveaux prêts de politique publique pluriannuels, l’un en appui de la réforme du secteur électrique et de la promotion de l’efficacité énergétique en cofinancement avec la KfW (25M€ pour la première tranche – programme sur 4 ans), l’autre en accompagnement des réformes de la protection sociale, du système de santé et de la prise en charge des déplacés internes (35M€ pour la première tranche – programme sur 3 ans). Ces deux opérations seront également accompagnées d’une assistance technique financée par FEXTE et qui permettra de mettre en avant l’expertise française. D’autres projets sont en cours de préparation ou de discussion avec les autorités géorgiennes, notamment un programme de modernisation des infrastructures de l’eau dans la région de Khashuri ou encore un projet de développement régional.

Les nouveau instruments, soit l’émission de bonds, la microfinance et le leasing, bien qu’embryonnaires, commencent à attirer des bailleurs et à se structurer. Des émissions de bonds par les grandes compagnies privées viennent compléter les capacités de financement publiques. De même que les sociétés de microfinance se structurent, tout en restant pour le moment des acteurs mineurs.

 

Des émissions de bonds

Des émissions de bonds, encore trop peu nombreux et de valeur limitée, devraient permettre à moyen terme de dégager des capacités de financements des institutions bancaires et des grands groupes à capitaux publics, notamment les sociétés qui appartiennent au Fonds d’Etat Partnership Fund qui ont procédé à des émissions de bonds sur les marchés étrangers avec plus ou moins de succès.

L’année 2018 a ainsi été seulement marquée par une émission cumulée de 350 M USD. Il convient néanmoins de noter l’amélioration de la notation de la Géorgie par l’agence FITCH (BB-) qui a fait passer en novembre 2018 sa prévision de stable à positive.

Pour rappel, on peut estimer que l’émission de Georgian Oil and Gas Corporation en 2016 marque le début des émissions de bonds par les sociétés détenues par le JSC “Partnership Fund” qu’il convient de surveiller et de suivre dans leur développement. Par ailleurs, à noter l’émission des Chemins de Fer Géorgiens, les premiers à faire une émission d’un bond de 500 M USD sur la place de Londres, qui a été mal structurée ; la compagnie souffre aujourd’hui d’une sous consommation de la ligne puisque l’opération principale à laquelle l’émission était affectée, soit la construction du port en eaux profondes d’Anaklia, pourrait ne pas se réaliser dans sa structuration actuelle. Alors que l’émission du Groupe BGEO de 350 M USD en 2016 a permis d’enchainer par une seconde opération, réussie, financée par la SFI et la CITI. A noter qu’aucune banque française n’a participé à ces émissions mais ce poste a noté l’intérêt récent de la Société Générale pour les instruments financiers géorgiens et s’efforcera d’accompagner les équipes de la SG.

La microfinance et le leasing

Deux outils en croissance sur le marché financier géorgien. Le paysage de la microfinance est composé de 88 institutions de micro-crédit (IMF) créées à partir de 2006 dont 3 seulement possèdent la taille suffisante pour attirer des financements des IFIs (AFD, BERD, BAsD). Il s’agit de Finca, Crédo et Cristal. En 2018, la Banque Centrale a introduit une régulation pour institutionnaliser les acteurs de la micro finance et les obliger de disposer d’un capital minimum et de caper les taux d’intérêt à 100% annuels.

S’agissant du leasing, et en absence de venture capital, quatre acteurs principaux émergent : AG leasing, TBC leasing, Georgian leasing company et Alliance. Le fondateur d’Alliance, Aieti Kukava, a d’ailleurs inauguré le premier forum-salon à Tbilissi, dédié au leasing. Ce fut aussi l’occasion pour lui de lancer l’association des Sociétés de leasing. Le secteur tente donc de s’organiser

Enfin, le développement du marché des capitaux en Géorgie est surveillé par le FMI dans le cadre de ses missions au titre de l’Art.4 pour des raisons de stabilité financière, d’accès au crédit, de politique de dé dollarisation de l’économie et des NPLs (non performant loans).

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