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L’entretien de l’Ambassadeur de France, M, Diego COLAS avec M. Koba Gvenetadze, Gouverneur de la Banque Centrale de Géorgie

Situation économique en Géorgie

L’entretien avait pour objectif de faire le point de la situation économique et de recueillir les réponses aux questions des entreprises françaises basées en Géorgie, s’est articulé autour de 4 sujets :

  • La situation économique et perspective d’évolution ;
  • Le gap financier tel qu’anticipé suite à la crise et les financements disponibles pour le combler ;
  • La prévision de l’évolution du taux de change et de l’inflation ;
  • Les interrogations des entreprises françaises sur le plan fiscal.

1. La situation économique

Le Gouverneur n’a pas caché l’incertitude dans laquelle se trouvaient aujourd’hui les acteurs économiques et a estimé que la crise nécessite une réponse urgente et forte.

L’économie de la Géorgie fait en effet face à un quadruple choc : arrêt du tourisme, la chute mondiale des prix du pétrole (impact sur les pays partenaires Russie, pays du Golf), la chute prévisible des rémittences (Italie), l’arrêt des flux de capitaux d’investissement. Le choc combiné sera très important.

Les conséquences immédiates de ces chocs sont une baisse drastique de la demande, dépréciation du GEL, préparation d’un plan national de soutien à l’économie, préparation d’une réponse massive de soutien par les IFIs. Le plan de soutien du Gouvernement, centrés principalement sur le secteur touristique et évènementiel sera probablement étendu à d’autres secteurs (agriculture, export).

Le secteur bancaire étant dans une situation plutôt bonne (capitalisation forte, liquidités suffisantes, prêts non performants faibles). Les institutions de microfinance, grâce aux réformes conduites depuis 2 ans sont plus armées pour traverser la crise.

Dans cette situation d’incertitude sur la demande, la Banque centrale a laissé le taux d’intérêt inchangé à 9%, le 18 mars, estimant que l’inflation, après un pic pouvait évoluer à la baisse comme à la hausse selon la dynamique de la demande. NBG pourra convoquer un Comité de Stabilité exceptionnel en fonction de l’évolution de la situation.

 

2. Le gap financier tel qu’anticipé aujourd’hui suite à la crise du coronavirus

Le gap financier n’était pas définitivement arrêté à ce stade, la situation évoluant rapidement. Le Gouverneur s’est dit confiant d’une réponse adaptée à la situation. Trois pistes sont explorées, celle d’une augmentation du programme du FMI qui a été, heureusement, étendu d’un an. Le FMI pourra couvrir environ la moitié du gap. Une partie pourra provenir du budget central où des montants élevés avaient été mis en réserve fin 2019. Enfin, un soutien massif se construit de la part des donneurs et les IFIs. La reprise de l’économie pourra intervenir au dernier trimestre 2020.

 

3. La prévision de l’évolution du taux de change, de l’inflation.

Du côté de la devise, avec l’arrêt du tourisme, le risque de réduction des entrées en devises s’est matérialisé conduisant à la dépréciation du LARI (14,5% depuis début mars). La limite psychologique du taux de change du lari de 3GEL / 1 USD a été franchie provoquant une courte ruée vers les bureaux de change, calmée depuis. La Banque centrale est intervenue sur les marchés à deux reprises pour vendre 20MUSD le 13 mars, puis le 19 mars avec 40MUSD. Elle s’est dite prête à poursuivre ses interventions si la situation l’y appelle. Le Gouverneur surveillait de très près la baisse des réserves et la re-dollarisation de l’économie. En revanche il s’est dit moins inquiet de la dévaluation dans la mesure où l’ensemble des partenaires de la Géorgie dévaluaient en même temps ce qui n’aurait pas autant d’impact sur l’inflation totale qu’en juin dernier (lorsque seul le LARI avait dévalué pour des raisons d’instabilité interne). Dans un système de change flottant, il ne peut y avoir de stratégie de maintien du lari.

 

La Banque centrale a par ailleurs approuvé des modifications qui assouplissent la règle d'octroi de prêts aux personnes physiques. En particulier, la nouvelle approche implique moins d'intervention de l'État dans la gestion du crédit, ce qui, selon le NBG, renforcerait le rôle des institutions financières dans la gestion des risques, ainsi que l'accès au financement pour la population active. Cette règle permettra de faire redémarrer l’activité, notamment de l’immobilier, plus rapidement après la crise.

 

4. Les interrogations des entreprises françaises sur le plan fiscal du programme de soutien à l’économie

Les mesures d’ordre fiscal mises en place à ce jour :

  • Le système automatique de remboursement de la TVA, introduit l’an dernier sera accéléré et les montants remboursés passeront de 600MGEL à 1,2Md GEL en 2020.
  • Le report jusqu’en novembre 2020 de règlement des taxes sur la propriété et les revenus des personnes morales du secteur du tourisme pour la période mars-juin est acté. Cette mesure coute 35MUSD et bénéficiera à 18 000 sociétés qui emploient 50 000 personnes.
  • Les intérêts de crédits des hôtels de 4 à 30 chambres seront payés par le Gouvernement. Mesure dont bénéficieront 2000 établissements.
  • Les deux principales banques du pays (TBC et Bank of Georgia) offrent de restructurer les prêts des entreprises, des personnes physiques et des micros entreprises du secteur touristique pour les échéances de crédit des 3 prochains mois. Bank of Georgia étend cette mesure aux crédits à la consommation. M l’Ambassadeur a insisté sur la nécessité d’étendre cette mesure aux autres secteurs touchés.

 

M l’Ambassadeur est intervenu pour appeler à la vigilance quant aux besoins de nouvelles incitations fiscales, à savoir de vrais moratoires des intérêts et du capital des prêts, des prêts relais, de nouveaux prêts à taux réduits, la réduction/suppression/suspension de la taxe sur les entreprises.

De plus, il a insisté sur les conséquences de la crise sur l’emploi. La flexibilité de la législation géorgienne permet de réduire facilement les coûts salariaux des entreprises et les chefs d’entreprise vont arbitrer entre payer les traites diverses et l’emploi au sein de leurs entreprises. Un chômage de masse pourrait en résulter, ce qui mettra en risque la reprise et donc la stabilité intérieure.

Sur les non-paiements par les fournisseurs, M l’Ambassadeur a demandé que le message suivant soit passé à l’ensemble des acteurs économiques qui travaillent avec des firmes étrangères, à savoir que c’est la bonne foi, le civisme et la confiance qui préparent la reprise. Situation économique en Géorgie

 

Ioulia SAUTHIER

Documentation

Télécharger NBG_gouverneur_mars_2020_CR__EV.pdf  (PDF • 387 Ko)
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